mercredi 17 août 2011

Quand le Passant s'exprime avec un... "ASSLEMA"






« Le hasard fait bien les choses», est-ce toujours vrai ? En tout cas, elle n’était pas sûre que cette phrase soit compatible avec cette soirée…

Elle était dans toute sa splendeur… le bras accroché à celui de son amoureux… les yeux éclatants de mille étincelles qui la laissent plonger dans un monde parallèle… un sourire délicieux qui chavire l’homme qui a provoqué tout ce bouleversement…

Lui, il était aux anges, elle pense qu’elle ne l’a jamais vu aussi excité… aussi heureux et aussi amoureux que ce soir… ses yeux ne se détachaient pas d’elle… parfois il lui prenait la main ou lui touchait l’épaule comme si pour vérifier qu’elle était bien là et que ce n’était pas une illusion….

Ils étaient devant le théâtre municipal, attendant que d’autres amis viennent les rejoindre…

LUI : « viens chérie, je vais te présenter quelqu’un »

Elle a tourné la tête, et elle l’a vu…

Assis sur les escaliers… un regard sombre et inexpressif… une barbe sauvage de deux jours collée sur un visage serein et calme… les mains jointes sur les genoux signe de méditation et de profondes réflexions… c’est LE PASSANT….

Elle a senti le sang se figer dans ses veines… que l’air a du mal à pénétrer ses poumons… Que tout était néant et que lui était… illumination…

Deux mots de présentation leur a permis un serrement des mains, un « asslema » discret, et même pas le mot enchanté de te connaitre… Et comment !!! Comment ne pas connaître la personne qui a tellement fait couler son encre ? Comment ne pas connaître la personne qui a ému ses pages blanches de mille feux, de désir et de passion… mais aussi de colère et de chagrin ? Comment ne pas connaître la personne qui l’a fait danser, chanter, épouser le rêve et maudire sa vie ? Comment ne pas connaître celui qui ne cesse de s’éclipser de sa vie, qui ne cesse de choisir une autre destination que la sienne ? Comment ne pas oublier celui qui la laisse toujours déguster un café sans sucre seule espérant l’apparition de son ombre qui finalement n’a jamais apparu…


C’était lui donc, LE PASSANT, oui comme il aime se nommer…ou encore « PUISQUE LA TERRE EST RONDE »


Deux êtres qui ont beaucoup partagé dans le monde virtuel, les voilà face à face…

Un rendez-vous non désiré, une rencontre forcée ….

Un échange de mots apprêté, frelaté…une césarienne provoquée…

Un toucher de main méprisé et empressé…

Un malaise imposé et un dégoût annoncé…

Qu’en est-il d’une VENUS et d’un PASSANT ?

Où sont passés tous leurs mots fiévreux et bouillants ?

Qu’en est-il de leur mutation sous un soleil couchant ?

Où sont passées leurs ferveurs, leurs faims de mots aiguisant ?

C’était tout juste un « asslema » prononcé sur le bout des lèvres, un regard fuyant, un tremblement désorientant tout leurs sens…

Alors, c’était ça ?

Non pas vraiment…

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Dans le café, elle a commandé, comme d’habitude, son « expresso »… lui, une bouteille d’eau…Elle a allumé une cigarette…le regarda à travers sa fumée, mais il était inerte… elle a préféré avaler sa fumée et ses mots, mais le tremblement de sa main l’a dénoncé…

« Vaut mieux garder ton calme ma p’tite » se dit-elle, « après tout, ce n’est rien »…

Oui ce n’était rien… après tout, ce n’était qu’un séisme !!! Un séisme qui a chambardé tout son univers délicatement tenu en équilibre… un séisme qu’elle a toujours essayé d’éviter de peur que ses mots se redressent devant elle tel un supplice…

Elle a beau l’imaginer, le décrire… elle a beau l’aimer et le détester à travers ses écrits, prenant ainsi l’exemple de Ahlème Mosstaghanmi qui dit dans sa trilogie que « pour oublier un homme, vaut mieux l’écrire sur les pages vierges d’un roman, ainsi, il rendra l’âme et on sera guéri de ses souvenirs » mais en vain… rien ne pourra tuer ses mots, rien ne pourra couper son souffle, rien ne pourra faire taire des souvenirs galopants….

Je pourrai écrire des pages et des pages sur cette soirée, mais ma force me trahit, cependant, les paroles de la chanson d’Aznavour me reviennent « NON, JE N’AI RIEN OUBLIE »

Je n'aurais jamais cru qu'on se rencontrerait

Le hasard est curieux, il provoque les choses

Et le destin pressé un instant prend la pause

Non je n'ai rien oublié