Je me permet d'avoir une pause...non j'exige une pause...je veux pour une fois sortir de ce corps qui m'a tant guidé, tant transporté, tant emprisonné...
Pour une fois je veux que ce soit moi qui le critique, qui le juge...
J'ai hôté mes vêtements, tout mes vêtements, me voilà nue devant la glace...
C'est la première fois que je prends tout mon temps pour t'explorer...
Tant d'hommes ont eu le fantasme de te pénétrer...
Tant d'hommes ont eu le désir de balader leurs mains vulgaires sur tes dunes en flammes...
Tant d'hommes ont voulu te déchirer, te battre, non pas par colère, mais par plaisir, par sadisme...
Mon beau corps, pourquoi je te déteste ?
Pourquoi ce mépris à ton égard ?
Je vois mes seins généreux qui sont sur le point de crier une main de pianiste pour les faire chanter jusqu'à l'extase...
Je vois mon ventre plat, vide, qui réclame une présence d'un être humain en son sein pour qu'il puisse enfin avoir de la lumière dans ses entrailles si sombre...
Je vois mes jambes qui réclament un baiser tendre de la part des lèvres assoiffées d'aventures...
Et puis je contemple mon visage, je le touche, pour quelques instants je ferme les yeux, comme si je cherchais une image au plus profond de moi et que je ne la trouve pas...
Je regarde mes yeux, ces yeux qui ont perdu l'innocence d'un enfant depuis quelques temps sans que je m'aperçoive...
Ce visage, l'ambassadeur de mes sentiments, le porte parole de mon coeur, tantôt maquillé par des produits de beauté chers et inutiles, tantôt, je le laisse respirer l'air pourri de ce bas-monde, et franchement il n'y pas vraiment une différence, il s'empoisonne dans les deux cas...
Ce visage, sur lequel j'ai entendu des compliments, des louanges sortant des bouches mal seines des hommes qui pensent qu'avec leurs bas-ventres...
Ah mon cher visage, malgré ta beauté tu es pourtant la source de mes douleurs, on se fige sur toi sans pour autant chercher la femme en moi, tes traits soigneusement dessiné ont mis une voile entre Toi et Moi...désormais, personne ne cherche plus à me connaître, on vient t'admirer, et puis , on te tourne le dos...
Mon cher corps, est ce uniquement pour ça que je te déteste ? Certainement pas...mais laissons les cicatrices enfoncées dans le passé...ne remuons pas le couteau davantage dans la plais...