lundi 21 juin 2010

Sur un Banc…



Sur un bon délaissé d’un port d’une ville sans visage, elle s’est assise… les jambes croisées, une main sur sa joue et avec l’autre elle caressait sa cuisse, elle contemplait l’eau qui essaie chaque deux secondes de briser la force des grandes pierres dressées fièrement devant ses énièmes tentatives…

Elle est assise sur ce banc, d’une couleur bleu terne, et d’une surface qui témoigne d’une infinité de chairs qui l’ont caressées, ignorées ou violées… elle se demandait si ce banc avait une longue et pouvait s’exprimer, il dirait quoi ? Est-ce qu’il aimera le fait qu’il a vu passer tant de personnes, tant d’amoureux, tant de maladresse et tant de passions ? Ou bien il préfère, comme elle, vivre éternellement dans ses états primitifs, regagner la nature, n’être que le maître de lui-même, vivre heureux et mourir seul et malheureux ?

Elle a senti que l’air frais qui câlinait ses bras dénudés commence à lui serrer la gorge, elle a jeté malicieusement son dos contre celui du banc, a ouvert ses bras, écarté légèrement ses cuisses, comme pour permettre à une main invisible de la torturer érotiquement dans tous les recoins d’un corps délaissé et mal traité…

Avec les bouts des doigts elle commença à faire des ronds muets sur le bout du banc, oubliant sa rigidité, sa laideur et sa discrète agressivité…

Cette ville sans nom, sans visage et sans religion, portant néanmoins la signature d’un port dépeuplé témoigne, encore une fois sa détresse sentimentale, de sa chute intellectuelle et de sa révolution muette…

Comme un signe d’au secours, elle laisse tomber sa tête en arrière, son corps en entier épousa les formes de ce banc, d’un geste à la fois spontané et sensuel comme  une invitation, discrète, mais explicite, à cette air humide à lui embrasser son coup d’un baiser voluptueux et sans précédent, à lui faire survoler au-delà de ce banc rigide et asexué vers un monde sans adresse et sans billet de retour, comme ce port…comme elle…

4 commentaires:

  1. Beau texte Venus.

    Je vois ce banc comme un moment d'arrêt, une contemplation du vide, une recherche de soi.

    Comme un banc on est, parfois plein de vie, d'amour et d'émotions, et parfois terne, vide, triste avec l'espoir d'être compris, caressé et surtout aimé comme on est...

    Bonne continuation belle déesse...

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  2. Elle devrait se sentir drôlement bien cette dame :)

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  3. @ Illusions : Je crois que tu as saisis le sens de l'article...comme toujours...
    le banc a dépassé son sens d'un objet pour être plus que ça...
    chère illusions..au plaisir de te revoir...

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