jeudi 7 mars 2013

L’indulgence d’un Destin...





Elle est presque arrivée devant le théâtre municipal, la foule était bien imposante, mais elle a préféré faire un petit détour dans les boutiques d’à côté, trop de visages inconnus l’ont mis toujours mal à l’aise…



Lui, entrain de vérifier ses affaires : tout est mis en ordre dans sa petite valise, peu de choses dedans pour parcourir des milliers de kilomètres… c’est tout à fait lui, il n’aime pas les choses encombrantes…


Elle est entrée dans le théâtre, pris sa place, et commença à regarder autour d’elle : des gens de différents âges, de différents milieux, venant en cette soirée frileuse et pluvieuse cherchant l’unique chose qui semble se dissiper de nos jours : le sourire…
Ils sont tous venus tentant retrouver une note d’espoir dans une Tunisie envahie par une culture de dénie et prohibition…

Lui, entouré par sa famille, au petit soin avec lui, tantôt ils le touchent, tantôt ils l’embrassent, lui chuchotant qu’il doit bien prendre soin de lui…
Lui, toujours souriant, mais le cœur lourd, leurs visages se sont déjà mélangés avec d’autres qui sont absents, pour ne voir finalement aucun d’entre eux... tout ce à quoi il pensait c’était qu’il doit tout quitter, encore une fois, pour un pays étranger et retrouver un quotidien oppressant…

Le rideau s’est levé, et le spectacle a commencé, elle a essayé de chasser le quotidien de sa tête pour voler ces quelques moments de détente… l’humoriste était certes un débutant, mais il fait tout pour réussir, parfois même en faisant un peu trop et en se forçant d’être surexcité sur scène … comme elle, elle oublie parfois que le destin l’a malmené à sa guise sans qu’elle puisse changer le tournant des évènements…mais elle a la stupidité de le provoquer juste dans l’espoir d’être un jour avec lui…

Il est arrivé à l’aéroport, sur le pavé il a embrassé ceux qui l’ont généré, et entré dans le terminal… une salle spacieuse, mais pleine de monde… encore deux heures d’attente avant le grand embarquement… comme pour dévier le stress, il est entré dans l’euphorie d’une discussion avec son compagnon de voyage, trompant le vide et détournant son visage qui ne cesse de le hanter…

Après deux heures de spectacles et quelques fous rires, l’humoriste salue ses spectateurs dans une flambée d’applaudissement, ses pensées étaient déjà ailleurs, mais son corps encore cloué à sa chaise, ne sachant si elle doit se féliciter d’avoir l’illusion de connaitre le sourire ou se plaindre de retourner à ses occupations quotidiennes…

Une voix féminine retentit à travers les haut-parleurs priant les voyageurs de se rendre à l’avion… plus que quelques pas avant que son corps ne quitte son cher pays, un pays qu’il aime tant, et qui défend toujours avec ardeur…
Ses pas se suivent l’un après l’autre, machinalement, impulsivement comme pour fuir une réalité trop lourde à supporter….

Le grand rideau rouge s’est abattu sur scène, comme un corps sans vie ne laissant derrière lui que vide est silence…
Le grand avion a décollé de la piste dans un brouillard lourd et pesant ne laissant derrière lui que des personnes attendant UN retour..

Ils sont allés chacun de son coté…
Pour la énième fois, la vie les a séparé…
Prenant ainsi chacun un différent chemin…
Misant tous les deux sur l’indulgence d’un destin…

Ecrit le 02/03/2013





7 commentaires:

  1. Y aura toujours d'autres pièces à jouer et d'autres espoirs à venir pour Lui et Elle, ce n'est jamais la fin, le grand rideau rouge se lèvera toujours sur d'autres textes et d'autres rencontres !

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  2. D'où l'image que j'ai choisi accompagnant le texte...

    Une scène de théâtre et un avion qui part... c'est l'histoire d'une vie...

    Toujours un plaisir nawroussa

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  3. ُEn attendant un retour, il y a toujours de l' espoir ...certainement cet espoir est le grand secret de la vie de " elle" ...
    Un texte attirant qui incite à supporter les douleurs pour mieux accepter les dérapages probables...

    alhallège...

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  4. On dit souvent que la vie est une grande scène de théâtre, c’est peut-être vrai, mais on doit se poser une question : que faisons-nous sur sa grande scène?
    Des acteurs qui ne font que répéter un texte apprit à la lettre ?
    Des metteurs en scène qui détiennent la baguette du chef d’orchestre?
    Des simples spectateurs affichant un sourire annonçant une présence et la plus part du temps une absence ?
    Ou des marionnettes sans vie tirées par des ficelles invisibles à nos yeux ?

    Certains cherchent sur une scène de théâtre une vie qui n’est pas la leur, un sourire perdu, un espoir ou un moment d’évasion, et ils se sentent seuls même au milieu de la foule. Leur monde est ailleurs, une pièce qu’ils ont écrite pour défier un destin, ou défier une réalité. Une façon de s’affirmer même pour soi…

    D’autres ne portent qu’un léger bagage, laissant derrière eux un parfum, un souvenir, un espoir, ils sont les seuls à valoriser ce qui doit être porté et ce qui est laissé à l’oubliette. Les mêmes visages présents à leur arrivée qu’à leur départ, les autres ne sont que des passants, des figurants qui embellissent un bout de chemin. Un égocentrisme excessif, comme si tous ceux autour d’eux n’existent que pour les servir, et doivent s’incliner à leurs volontés ou à leur façon de penser…

    Les rideaux tombent, et les avions décollent. Mais les scènes se réanimeront avec d’autres actes, d’autres textes et d’autres acteurs pour nous faire sourire même de nos douleurs. Et les avions redécolleront vers d’autres destinations, avec d’autres passagers et avec d’autres visages à l’arrivée…
    Et même si les chemins divergent, ils garderont le souvenir d’un croisement qui les a approchés le temps d’un séjour pour les éloigner cette fois pour toujours, et ce n’est pas une question de destin, mais c’est comme ça en géométrie, et on ne défie jamais les règles de la science…

    Bravo Vénus pour ce texte, un beau style narratif, spécifique, plein de sens et de sensation refoulées, comme la femme que je connais ;)

    PS : désolée si j’étais trop longue, je suis bavarde… Parfois …

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  5. Je me suis attardée sur la scène que tu décrivais si bien, de ce mélange d'espaces qui pouvait rassembler, unir, mais malheureusement dans nombre des cas, il dispersait les corps qui ne rêvaient qu'à se retrouver.
    Un indulgent destin...
    L'histoire pouvait finir là, le rideau tombe et c'est le vide...
    Mais un tournant dans la vie nous attend toujours, une autre scène, je joue tout près de nous, et ton histoire aurait eu une autre fin, d'Elle qui s'est assise à côté d'un homme et une nouvelle rencontre amicale avait tissé ses liens...
    J'ai appris que le destin avait mille tours de magie dans son sac...
    Un très bel écrit, pleins de feelings Venus, j'ai beaucoup aimé

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  6. Déesse des anges, je suis vraiment désolée pour le retard, mais un retard, je l'avoue, exprès...

    tes mots m'ont tellement touché, et j'ai fait du chemin après, j'ai pas voulu relire ton message de peur que la mélancolie m'entraine dans une embrouille sans trêve, d'ailleurs j'ai déserté le blog depuis des mois, et me voici de retour

    toujours un plaisir à te retrouver déesse, même si ta présence sur fb me manque énormément

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  7. Bonsoir,

    Je suis si contente de te lire, aussi de te savoir bien, et que tu sois de retour sur ton blog... ya lella marbè bik, ma douce :)

    Ta franchise satisfait mes neurones :)

    J'en ai fait énormément de chemin dans ma vie... souvent long.. même très long... et j'ai pris beaucoup de recul par rapport à beaucoup de choses... ce qui m'a permis de voir distinctement et nettement mon horizon est plus précisément l'ongle de mes trajectoires de vue ....

    Le plaisir de l'échange est réciproque.

    Tu me manques effroyablement aussi... J'espère retourner incessamment parmi vous sur fb inchallah.

    Gros bisous.


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